Un étranger au bout du monde 11

Publié le par chuday

Ga’s China Story : Mao et la Cité Interdite

 

Dimanche 1er avril

Le portable sonne, c’est l’heure de se lever. J’ai la tête dans le cul, j’ai dormi 2 heures à tout casser. Au moment où je pose le pied par terre mon portable sonne à nouveau, c’est Loïc : « putain t’es où ? Rendez-vous place Tien An Men !». Euh… ok… donc je suis grave à la bourre et surtout à l’extérieur de la ville ! En bas de l’immeuble je cherche la route, marchant au hasard dans les allées. Après 5 minutes d’errance je vois enfin mon premier taxi ! Ouf ! Je rentre et dis « Tien An Men ! Quick ! »… Le chauffeur me regarde, il n’a rien compris… « Tien An Men Place !!! ». Toujours rien... C’est pas gagné. Je me répète, 1 fois, 2 fois, 5 fois, il ne pige rien !!! Sale con, c’est pourtant pas compliqué !!! Je sors du taxi, me dirige vers un autre, rentre dedans, même cinéma. C’est la merde. Troisième taxi, le scénario est le même jusqu’à ce que le chauffeur ait la bonne idée de me sortir un plan de la ville ! Je lui montre la place, il comprend, enfin je suis en route pour retrouver mes amis !

Le compteur s’incrémente de plus en plus, 10, 20, 30, 40 kuai, et je ne suis toujours pas arrivé. Ce n’est pas très grave, je profite du paysage. Les quartiers entourant la Cité Interdite sont magnifiques, de beaux murs gris surplombés de statuts de dragons ou de lions, des arbres, des fleurs. Soudain je la vois, avec à son entrée le portrait du célèbre dictateur Mao Zedong, la Cité Interdite est devant moi ! En face c’est l’immense place Tien An Men. Je revois cette image de cet étudiant en 1989 lors des émeutes, se positionnant devant les chars, les empêchant de passer. Un héro qui a impressionné le monde entier, surtout quand on voit le nombre de jeunes tués ou battus durant cette époque.

Le chauffeur continue, moi je veux qu’il s’arrête devant ! Je lui fais comprendre, il me dit non, coupe son compteur et continue. Un kidnapping ? Je mets du temps à comprendre mais je me rends compte qu’il n’a tout simplement pas le droit de se garer devant. Il tourne à droite, rentre dans une impasse et me dépose. Je le remercie, lui donne un peu plus que ce que je lui devais pour la course, il a été sympa. Bon maintenant que j’y suis le plus dur commence, retrouver mes amis !

Je me retrouve à nouveau face à face avec Mao. L’immense portrait prouve le respect que les chinois lui vouent. Pourtant Mao n’a pas fait que du bien à la Chine. Il est responsable de la mort de plusieurs millions de chinois. D’ailleurs un chinois a brûlé une partie du portrait il y a quelques semaines en y lançant un projectile en feu. Mais Mao reste quand même un acteur majeur dans l’éclosion du pays, de sa montée en puissance dans le monde moderne, il faut au moins lui laisser ça…

Je suis entouré de centaines de personnes. Ils entrent et sortent de la cité, en masse. Certains me regardent intensément,  d’autres s’arrêtent carrément. Il y a des moments où cela devient presque flippant tellement les regards sont profonds. J’envoie un texto, j’ai une réponse, ils arrivent ! En tout cas se placer sous le portrait de Mao pour attendre quelqu’un c’est le top, impossible de me louper ! Loïc, Apple et Hélène sont là. Pour la place Tien An Men c’est mort, je ne mettrai pas les pieds dessus, ils y ont été et moi j’ai loupé le coche. Il fallait choisir : visiter la place ou le Japon… Pas grave, je suis face à elle, c’est déjà bien. Nous avons encore beaucoup de choses à faire et je suis crevé de chez crevé !

Nous suivons maintenant la foule, rentrant sous le tunnel menant à la première cours de la Cité Pourpre Interdite – son vrai nom – voyant pour la première fois ce palais s’étendant sur près d’un kilomètre carré ! Achat des billets et nouvelle image de la classitude des chinoises : l’une d’elles, penchée en avant, dévoile une superbe culotte géante remontante transparente… Ragoûtant…

Le Palais des Empereurs Ming a été érigé au 15e siècle et durant 14 ans des millions d’ouvriers ont participé à sa construction. Si cette cité porte le nom de Cité Interdite c’est parce qu’elle était réservée aux empereurs, leurs familles et à ceux qui y travaillaient et qu’aucun civile n’avait le droit ni d’y pénétrer, ni même de la regarder, sous peine de mort. Elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO et abrite 9.999 pièces pleines d’œuvres d’art et de reliques ainsi que 50 hectares de jardins impériaux. Et moi j’y étais…

J’y étais oui, mais la fatigue accumulée et la remise en état des bâtiments du palais ont un peu gâché ma visite. L’architecture est toujours la même depuis quelques jours mais le problème c’est surtout que la Cité Interdite est trop  « parfaite ». Ça a l’air neuf. C’est dommage. Mes jambes sont lourdes, mes paupières aussi, heureusement il fait très beau. Nous avons parcouru les différentes cours mais nous ne sommes pas rentrés dans les différentes pièces ouvertes. Je préfère profiter du soleil, admirer les palais et les statues que lire les petites étiquettes situées sous des objets des fois difficiles à identifier.

Sur les toits de chaque bâtiment il y a ces petites statues de dragons, signalant l’appartenance à l’Empereur quand ils sont au nombre de neuf, chaque dragon en plus représentant un rang dans la hiérarchie. Mais bon, pas besoin des dragons pour savoir quels lieux étaient les plus importants, la taille de l’édifice suffit.  Il y a aussi cette immense dalle gravée, un bloc de 11 mètres de longs et 2 de profondeur, transporté durant des années et des centaines de kilomètres pour être placée là. Seul l’Empereur avait le droit de passer au-dessus, porté par ces sous-fifres. A quelques mètres des statues de lions, l’un avec un lionceau sous la patte, l’autre avec la terre. La Chine protectrice et maîtresse du monde. Que de symboles pour s’exprimer…


















 

 






Une fois toutes les immenses cours traversées nous arrivons dans les jardins. Apple prend pleins de photos des fleurs, Loïc râle, je fatigue. Ensuite c’est dans la rue que nous allons. Petit deal pour faire du tire-pousse moins cher – le tire-pousse est le remplaçant du pousse-pousse – et nous voilà dans les hutongs, vieux quartiers de Pékin, certains bientôt rasés pour les JO, dommage. Le guide s’arrête souvent, donnant des explications dans sa langue sur les murs, les maisons… En fait je suis impressionné, Loïc traduit ! A force il commence à maîtriser, comprendre certains mots, certaines phrases. J’imagine maintenant comment, plongés dans une civilisation inconnue ou envahis par des colons, certains ont dû apprendre une langue, petit à petit, sans professeur, juste en côtoyant pendant des années des personnes au langage différent. Loïc fait partie de ceux-là, ayant appris certains mots grâce aux autres français ou au boulot mais aussi ayant appris au fur et à mesure avec un milliard et demi d’étrangers autour de lui.


Petite halte déjeuner, je m’endors sur la table. L’après-midi est consacrée à la visite d’un temple tibétain. Une fois de plus c’est du revu pour moi, il ressemble aux temples de Canton… Je pense que la fatigue y est pour quelque chose si je commence à être lassé. Je n’en peux plus de marcher, de marcher et encore de marcher. En plus je ne me sens pas aussi bien à Beijing qu’à Guangzhou je crois. C’est pas grave, je vais quand même faire tourner les moulins à prière, respectant la tradition.





 

Dernière étape dans la ville : les insectes… Une petite rue à droite et ça commence. Des étales où attendent viande, légumes fris et insectes, prêts à être dégustées… Je regarde, c’est vraiment dégueu ! En fait en partant en Chine je voulais tenter les insectes. Le serpent c’est fait, il faut essayer ça ! Mais à la vue de ces grosses larves et surtout de ces scorpions encore vivants, je n’ai pas pu. Ce qui me rassure c’est que Loïc non plus. Ce qui me rassure moins c’est qu’Hélène l’aurait fait ! Beurk… la prochaine fois peut-être… avec des tout pitis insectes… peut-être…



De retour à l’appart c’est la course : Loïc et Apple rentre à Canton… Douche, valises, transfert des photos de pc à clef USB, caca pour Apple et c’est l’heure de la séparation… En fait c’est ça qui ne va pas aujourd’hui. Je ne verrai plus Loïc avant décembre, en espérant qu’Apple sera avec. Merci vous deux, pour tout, pour ce voyage que je n’aurais jamais fait sans toi mec, pour ces deux semaines qui resteront parmi les plus belles de ma vie. Merci. Et la porte se ferme. Je suis seul.

 

Heureusement Hélène arrive, elle a pour mission de m’aider à acheter des timbres… Genre je ne suis pas assez grand pour le faire… Ouaih bah en fait nan ! Il faut pour chaque carte trois timbres à deux kuais. Sachant que j’ai 26 cartes à envoyer il me faut donc 78 timbres… Simple ! Sauf pour un chinois, assisté depuis la nuit des temps par tout un système qui a découragé les intellos et donc incapable de réfléchir un peu. Sale con. Une heure, une heure dans cette foutue poste à écrire sur une feuille, montrer du doigt, écrire sur la calto, mimer, gesticuler, s’énerver, insulter en français, rigoler nerveusement, essayer de se calmer, recommencer une 7e fois à expliquer d’une manière différente, reinsulter… et tout ça devant ce foutu chinois stoïque, de marbre, en face de moi. Hélène a en tout cas cette faculté que je n’ai pas : la sérénité… Je pense que sans elle je serais actuellement encore dans une geôle au fin fond du Tibet en train de casser des cailloux. Mais on les a eu nos timbres, ils s’y sont mis à 3 pour comprendre mais on les a eu ! En tout cas c’est là qu’on se rend compte qu’avoir un Loïc dans sa poche est bien pratique… Mais pourquoi a t’il de si grosses cuisses ?

La soirée est passée avec Hélène et Fabien, petit fast-food à la chinoise et pour la première fois je me couche tôt, demain c’est ma dernière journée, le rêve prend fin…

Publié dans Cultural Life in China

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
Pour la petite info... on a également été dans cette rue pleines de vendeurs à insectes et autres bizarreries : et ils l'ont fait !!!! Oui monsieur ! Yaya, Nico et Pates ont mangé à eux trois une belle brochette de sauterelles... mais po des pitites sauterelles... des putains de grosses sauterelles quoi ! Bravo à eux !Pour l'anecdote : moi je l'ai po fait ! j'étais po bien en fait... pense po que ça serait passé... hihi !Respect les gars !
Répondre
O
Super ecit, comme d'hab.<br /> J'ai bouffe des vers a 1000 pates l'autre jour, chelou...<br /> Bon yannick, t'as la pression gros...
Répondre
C
Il aura au moins eu le merite de bouffer qq schnecks locales...Alors Marie-Eva, un peu de respect je t'en prie.Ga trop fort tes recits.Je kiffe.Tu mets la barre haute pour Yannou...Yannou on t'attend.BizSee yaChuday
Répondre
M
mais quelle tapette géante!! comment ça tu as pas bouffé une brochette de scorpions vivants??? après tu oses dire que tu as vécu ton séjour dans la pure tradition locale??!!   <br /> cette petite tête à la fin, elle fouterait presque le cafard... quel acteur! ; )
Répondre