Un étranger au bout du monde 10

Publié le par chuday

Ga’s China Story : La Grande Muraille de Chine

 

Samedi 31 mars

Réveil facile ce matin car je suis motivé, il fait beau et je vais voir la Grande Muraille ! Nimeï a réussit à nous avoir un chauffeur rien que pour nous en utilisant ses contacts, à 300 kuai la journée pour trois ça nous reviens moins cher que de prendre le bus. Surtout que Loïc veut m’emmener à Simatai, une partie de la Muraille plus éloignée que Badaling mais moins touristique. Bien sûr une fois de plus il va falloir rouler pendant plus de deux heures.

Commencée il y a 2000 ans le long mur des 10000 Li n’a jamais été mesuré avec précision, il parcours la montagne sur une distance de 2500 à 6000 km (ça laisse quand même une sacrée marge !!!). Il est en fait constitué de plusieurs murailles qui se sont rejointes au fur et à mesure. Des centaines de milliers de chinois, ouvriers mais aussi prisonniers politiques, ont participés à la construction d’un des édifices les plus impressionnants du monde qui en fait servi à l’acheminement de marchandises plus qu’à la défense. Les centaines de tours qui parcours la muraille permettaient d’allumer des feux visibles à des dizaines de kilomètres à la ronde, avertissant la capitale des mouvements des troupes ennemies. Reconstruite sous la dynastie Ming durant presque un siècle elle retomba dans l’oublie pour être sauvée par le tourisme. Si aujourd’hui la Grande Muraille est un lieu mythique il l’est plus pour les étrangers que pour les chinois eux-mêmes. Mais comme je l’ai déjà dit, comprennent rien ces chinois…

Notre chauffeur nous attend fumant sa cigarette au bas de l’immeuble, un petit van derrière lui. Nous montons à bord de l’engin, c’est parti ! Tout d’abord l’interminable route pour sortir de Beijing. La municipalité de Pékin s’étend quand même sur un territoire de la taille de la Belgique ! Je trouvais Canton plus jolie, c’était une ville fleurie, avec pleins d’arbres, plus typique aussi. Il faut dire que le temps était plus propice à la floraison qu’ici, mais cette ville est grise et je suis moins dépaysé.

Les kilomètres s’enchaînent, le soleil est là, les deux amoureux dorment à l’arrière, le chauffeur roule comme un fou, dépassant à droite, à gauche, là ou il y a de la place en fait. On commence à monter, Pékin est maintenant loin derrière nous, il est 11h. Le chauffeur nous demande si nous avons faim et nous arrête au bord de la route, devant ce qui ressemble à un restaurant… En fait il y a juste une banderole rouge avec des idéogrammes, le reste ressemble à une maison toute simple. J’ouvre la porte, pose le pied par terre, le vent est violent et frais, je regarde au loin. Les montagnes sont là et je la vois, telle une frontière de pierres, tout en haut : la Grande Muraille de Chine est en face de moi. Je mets sur image mon premier contact avec elle, l’observe sur toute sa longueur puis pénètre dans la maison-resto. Une femme nous montre une pièce où se trouvent deux lits, une grande table ronde et le portrait de Mao. Une grande vitre donne sur la petite cours et ce qui doit être la cuisine. Enfin c’est plutôt une sorte de garage avec une porte en ferraille, sans lumière à l’intérieur, mais c’est bien là que la bouffe est préparée ! Une fois Apple et moi installés nous entendons des rires, Loïc arrive avec un grand sourire aux lèvres : notre chauffeur a deux potes ici et ils commencent à faire les cons ! Pas besoin de nous faire prier, nous y allons pour nous mêler à la bataille ! Les blagues et les rires fusent, des fois il faut mimer pour se faire comprendre mais ça marche plutôt bien. Surtout pour apprendre les insultes ! Loïc part se mettre à l’écart avec un des chinois, celui avec la bouille la plus drôle et commence à discuter à voix basse. Les deux explosent de rire et reviennent vers nous. Le nain parle alors en chinois et les trois compères se marrent comme des gamins ! Loïc sait ce qu’il vient de dire et décide de le leur apprendre en français : « lèche ma chatte, suce ma bitte »… S’en suit une franche rigolade, moi qui pensait que les chinois était un peu prude et super respectueux et bien j’ai vu de vrais gamins heureux de dire des insanités ! Et ça fait plaisir, même en Chine les adultes sont de grands enfants et le rire est universel.





















Nous nous installons à table, les dim sum nous attendent. Il y en a un sacré paquet ! Au dehors les trois vieux enfants continuent de se chamailler. Voilà maintenant que le plus gamin jette des pétards aux pieds de notre chauffeur ! Et nous avons nous aussi le droit de le faire puisqu’on nous donne des pétards ! Le chauffeur danse en évitant les projectiles, tout le monde rit, j’hallucine quand même un peu.

Après les adieux nous revoici en route. Quelques minutes plus tard nous marchons vers la Muraille, celle-ci paraissant bien loin et très haute ! A côté de moi Apple galère à marcher. La veille les expats ont fait un hockey et elle a participé. Aujourd’hui elle en chie, c’est une sportive qui n’a pas l’habitude de faire du sport, elle a sa race de courbatures !!! Nous ne sommes pas encore sur la Muraille mais ça monte déjà, le chemin de pierre serpentant sur la paroi de la montagne. A un moment à notre gauche se trouve une tyrolienne permettant de descendre en passant au dessus du petit lac du bas de la montagne. Système certifié ISO chinois : rouille + mécanique à la main… et comme je suis un psychopathe je veux absolument le faire ! On verra au retour.

Apple est déjà à l’agonie mais ne dit rien, elle avance, monte, sans se plaindre, tout au plus quelques gémissements. Et pourtant ce n’est que le début. Elle est là cette muraille, à 10 mètres, et elle grimpe la montagne avec des pentes plus qu’abruptes, jusqu’à 70 degrés ! Ca y est, je pose un pied puis le 2ème, j’y suis, putain je suis sur la Grande Muraille de Chine !!! Les premiers escaliers et déjà le vent nous pousse vers le ravin, il souffle fort, j’en connais une qui va bien dormir ce soir. Quelques marches et déjà une séance photo, il faut bien immortaliser la chose. Ensuite nous continuons à grimper. En fait c’est tout ce qu’il y a à faire, grimper et encore grimper. Pas de statues, pas de gravures, rien, juste des escaliers et des tours tous les 100 mètres. J’ai tendance à courir en grimpant, histoire d’être le premier en haut pour prendre les photos, pour savourer tranquillement à chaque pause. Encore une journée où la fatigue accumulée ne m’atteint pas. Et puis il y a cette petite américaine, vraiment plaisante, avec sa copine. Bien sûr il faut que je fasse quelques blagues… Je leur propose de les prendre en photos, on rigole un peu, on discute. Et vient un moment très attendu, la photo souvenir à publier, la photo FHM ! Loïc sort le magazine du sac, nous donnons nos appareils aux américaines, Apple à genoux montre le FHM numéro spécial making of du calendrier de Clara Morgane, Loïc et moi descendons notre pantalon… Nous avons montré notre cul sur la Grande Muraille de Chine et Apple est contente de retrouver sa tête entre nos fesses musclées.




Et à notre grande surprise les ricaines ne sont pas si choquées que ça ! Bon un peu quand même hein, faut pas déconner…

L’escalade continue - et ce n’est pas peu dire car ça monte vraiment ! – et Apple suit toujours, elle m’impressionne. Moi je continue de courir, manquant souvent de me casser la gueule à cause de ce satané vent. Et comme à chaque fois je me pose en attendant mes deux compères et en regardant le paysage. Dans cette partie de la muraille il n’y a pas d’arbres, la montagne est désertique, faite de terre et de cailloux. Ce qui est beau et impressionnant c’est surtout cette muraille qui s’éloigne vers l’infini, ne s’arrêtant jamais, parcourant les sommets des montagnes à perte de vue. Qui a bien pu la parcourir en entière ? On a l’impression qu’elle n’a pas de fin. C’est un peu comme dans Dragon Ball avec Sangoku qui courre pendant des jours à travers les nuages sur d’ailleurs ce qui ressemble à cette muraille, sans jamais y voir le bout. Toute ma jeunesse…



Nous avons rendez-vous avec notre chauffeur dans un peu moins de deux heures, il faut rebrousser chemin. La montée est fatigante mais la descente aussi ! Et dangereuse… Pourtant ce n’est pas ça qui nous arrête ! Une fois de plus ! Et c’est parti pour un quart d’heure conneries ! Entre les photos de nous en train de sauter de la muraille (j’ai d’ailleurs une sacrée classe), de nous porter les uns sur les autres ou encore celles où Loïc se prenant pour Rocco avec moi dans le rôle d’Ingrid Vagin sa partenaire, les autres touristes doivent nous prendre pour des déglingos…Ils n’ont pas tort… Apple a aussi mérité le droit d’être portée, de toute façon vu les cuisses du nain c’est pas très difficile, il assure !




 

Je viens de poser un pied pour la dernière fois sur la Muraille de Chine, ça aussi c’est fait ! Maintenant il faut nous attaquer à la tyrolienne rouillée. Petit temps d’observation pour évaluer les risques – je fais le malin mais en fait je suis une fiotte – les gens appréhendent mais se lancent. Ce n’est pas rapide, c’est limite pas drôle. M’enfin on va le faire quand même. On se prépare, harnais de sécurité ISO à mettre, la chinoise responsable de ma vie se penche, je mime forcément quelque chose d’obscène,  elle s’en rend compte, je fais style j’ai rien fait. Quitte à crever noyé après une chute de 20 mètres tout en choppant le tétanos autant bien rigoler ! Mon appareil photo prêt en mode caméra je peux enfin me jeter dans le vide. Un peu d’élan et c’est parti ! Je crie comme une gonzesse, voulant faire croire que la vitesse est effrayante, je tourne sur moi-même pour montrer le paysage, je gigote, simulant des trous d’air, ma vidéo doit être énorme, drôle à souhait, à mettre sur Youtube, Oscar en perspective… si seulement j’avais pensé à appuyer sur le bouton… Quel con !

Une fois regroupé un petit bateau vient nous chercher pour nous ramener à deux pas de notre chauffeur. Je regarde le volant, je regarde le chinois qui conduit, je reregarde le volant, je reregarde le chinois qui conduit, je le vire et prend sa place, me voilà tel un capitaine sur son navire, dérivant à travers les océans… Faut dire que ce n’est pas si facile ce truc, je n’arrête pas de zigzaguer ! Bon pour l’abordage du sol je lui laisse la barre, de toute façon c’est bon j’ai fait mon blagouilleur je suis content. Un petit au revoir à nos deux ricaines et nous embarquons cette fois dans notre van, direction Beijing.

Apple commence sa petite manie bizarre, elle s’arrache un cheveu, le plie, le roule sur lui-même et en fait une tige toute fine. Loïc se couche, tête de côté et la petite thaïlandaise enfonce son truc dans son oreille. Je regarde ça, les yeux écarquillés, je ne comprends pas pourquoi elle fait ça… Loïc me dit d’essayer, je tente, ça chatouille, ça fait un bruit bizarre, mais rien d’exceptionnel. Au moins j’ai eu le droit à un destockage de cérumen gratos !

Petite sieste, trimballé par les mouvements incessants du van, doublant ou roulant sur des trous, puis c’est l’arrivée, retour à l’appart pour… un bon massage !!! Dans le même immeuble se situe un salon, nous nous y rendons, je suis impatient d’être massé, surtout après une journée comme celle-ci. Loïc et Apple choisissent le massage avec vêtements, moi je veux du vrai, huile et slibard ! Regroupement dans une pièce, chacun notre masseuse ou masseur – la parité des sexes a été respectée – et c’est parti ! Et c’était… pourri ! Pas agréable du tout, apparemment vaut mieux que j’aille en Thaïlande.

Ce soir on ne mange pas chinois, on mange arabe au « 1000 et 1 nuits ». C’est d’ailleurs ce qui me rend un peu vénère, je ne suis pas ici pour manger du couscous moi !!! C’est arrivé là bas que je ferme ma gueule : la danseuse qui se trémousse à ma droite en rentrant bouge tellement bien qu’elle en exciterait un panda. Bien sûr pour comprendre cette dernière phrase il faut savoir que le panda est un animal qui n’a aucune libido, d’où sa disparition imminente. D’ailleurs dans certains zoos ils passent des vidéos X de pandas pour les chauffer. Et ça marche !!! Bref… vive la Chine.

Au menu brochette et danseuses, je bave. Mais ce qui est dommage là dedans c’est qu’en deux soirées à Pékin j’ai été dans deux restos pour friqués. Et ce n’est pas ce que je veux ! Je veux du typique, du « comme les chinois », du vrai. Je préfère largement manger dans la rue, c’est bien plus sympa et en plus bien meilleur et en plus grande quantité.

La suite c’est tournée des bars, à nouveau. Je suis bien naze, Loïc aussi, nous sommes deux pauvres poivrots adossés au mur qui longe la piste de danse, sirotant notre bière. Petit coup d’œil à ma gauche : jolie fille ! Approbation de Loïc par un signe de tête, j’entame la discussion, je danse. Ce soir, c’est le Japon que je découvre.


Publié dans Cultural Life in China

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M
salut<br /> super ton blog sur la muraille a simatai<br /> nous partons en avril 2009 a pekin nous sommes 3 et nous voulons faire la meme visite de la muraille que toi nous sommes tres tenté peux tu nous indiquer les coordonnées du chauffeur pour pouvoir faire la meme journée que vous<br /> amicalement<br /> marc
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